Une confusion s'est installée entre AVZ Minerals et Kobold Metals, société américaine soutenue par Jeff Bezos et Bill Gates
Présentement, les relations entre le gouvernement congolais et AVZ, entreprise australienne détentrice historique des droits sur le gisement de lithium de Manono, sont marquées par de profondes dissonances et des tensions grandissantes. Dans le sillage de cette situation, une confusion s'est installée entre AVZ Minerals et Kobold Metals, société américaine soutenue par Jeff Bezos et Bill Gates. Ce qui complique la situation du point de vue juridique et politique.
AVZ a obtenu, en mars 2025, une indemnisation de 39 M € contre Cominière
L'histoire renseigne que la société AVZ — via sa filiale Dathcom Mining — détenait une licence pour exploiter le projet Manono dès sa conception, jusqu’à la révocation du permis par le ministère des Mines en 2023, invoquant un « progrès insuffisant » : AVZ, compagnie australienne, détenait initialement une participation de 75 % dans le projet Manono-Kitolo en coentreprise avec Cominière (25 %) — un gisement de lithium parmi les plus prometteurs de la planète. Le permis fut ensuite attribué à une coentreprise sino-congolaise associant Zijin Mining (Chine) et Cominière (RDC). Le ministère des Mines congolais avait ainsi transféré les droits à une coentreprise entre Zijin Mining (Chine, 61 %) et Cominière (39 %). Face à cette décision, AVZ avait entamé des procédures d’arbitrage devant la Chambre de commerce internationale (ICC) et le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (ICSID), obtenant notamment des injonctions provisoires ordonnant au gouvernement de reconnaître Dathcom comme titulaire légal et de protéger ses droits. AVZ a obtenu, en mars 2025, une indemnisation de 39 M € contre Cominière: un montant qui augmente sur base d'un manque à gagner estim à 50.000$/jour.
En mai dernier, KoBold avait conclu un accord-cadre avec AVZ pour acquérir les intérêts de ce dernier dans le gisement de Manono en RD Congo
Il convient se souligne que, en mai dernier, KoBold avait conclu un accord-cadre avec AVZ pour acquérir les intérêts de ce dernier dans le gisement de Manono en RD Congo. Substantiellement, cet accord vise à permettre à KoBold d’investir plus d’1 milliard de dollars, afin de développer le projet et d’acheminer le lithium vers les marchés occidentaux, dans le cadre d’une stratégie de diversification des chaînes d’approvisionnement loin de la dépendance à la Chine. Un communiqué conjoint (intitulé “Developing Manono for Peace and Prosperity”) signé par les PDG des deux compagnies confirme qu’AVZ cédera ses droits commerciaux à KoBold, contre une compensation équitable, permettant le déploiement rapide du projet.
AVZ avait suspendu temporairement ses procédures ICSID en mai 2025 dans l’espoir d’un accord
A la lumière de ce qui précède, AVZ avait suspendu temporairement ses procédures ICSID en mai 2025 dans l’espoir d’un accord. Evidemment, cette suspension a été levée faute de réponse concrète et constructive de Kinshasa. Et, l’arbitrage a, en effet, repris son cours dans les heures du 23 au 24 juin 2025.
Par zèle institutionnel, le 18 juillet 2025, le gouvernement congolais a signé un accord avec Kobold pour explorer et acquérir la portion sud du site de Manono (Roche Dure)
Curieusement, par zèle institutionnel, le 18 juillet 2025, le gouvernement congolais a signé un accord avec Kobold pour explorer et acquérir la portion sud du site de Manono (Roche Dure), en tant que « partenaire privilégié » pour débloquer le développement du projet, avec un investissement estimé à 1 milliard de dollars. L’accord prévoit notamment le dépôt de licences d’exploration avant le 31 juillet dernier sur plus de 1 600 km², l’usage de technologies d’intelligence artificielle pour l’exploration et la numérisation des archives géologiques congolaises.
AVZ a dénoncé cet accord comme une violation claire des injonctions provisoires émises par l’ICSID en janvier 2024
Immédiatement, AVZ a dénoncé cet accord comme une violation claire des injonctions provisoires émises par l’ICSID en janvier 2024. Ces ordonnances exigeaient que le gouvernement congolais reconnaisse Dathcom comme détenteur du permis contesté et protège les droits d’AVZ pendant la procédure. Celle-ci a informé officiellement l’ICSID que l’accord signé par Kinshasa avec Kobold constituait une infraction et une entorse à ces ordres. Notamment, AVZ insiste sur le fait que le gouvernement congolais présente Kobold comme successeur d’AVZ sans expliciter que ce dernier reste partie au litige. Ce qui sème une grande confusion où AVZ est présenté comme cédant implicite à Kobold : une situation que la société australienne conteste fermement.
La communication officielle de Kinshasa amalgame AVZ et Kobold, présentant ce dernier comme un acteur remplaçant légitime d’AVZ
Visiblement, la communication officielle de Kinshasa amalgame AVZ et Kobold, présentant ce dernier comme un acteur remplaçant légitime d’AVZ alors que, juridiquement, AVZ est toujours partie prenante de l’arbitrage. Cette approche alimente la confusion dans l’opinion publique et perturbe les discussions diplomatiques, d’autant que Kobold n’est pas partie au litige ICSID ou ICC à ce jour, contrairement à AVZ.
La très grande majorité des populations de Manono désapprouve l'arrivée de Kobold en solo, en excluant AVZ
En définitive, de nombreux observateurs internationaux et congolais reprochent au gouvernement congolais de créer ainsi un faux narratif : dissoudre AVZ dans Kobold, sans reconnaître la procédure internationale toujours en cours ni les droits légaux d’AVZ. Interrogée par les enquêteurs de CTMT, la très grande majorité des populations de Manono désapprouve l'arrivée de Kobold en solo, en excluant AVZ. Ces populations demeurent reconnaissantes vis-à-vis de l'administration AVZ qui, durant toute la période du déploiement de ses activités à Manono, n'avait jamais cessé de travailler de façon efficace, efficiente, méthodique, éthique, transparente et, véritablement, en faveur des populations locales en RD Congo.
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