Philippe Couillard, Premier Ministre du Québec

Quelques semaines avant les élections du 7 avril 2014 au Québec, dans l’opinion publique générale, le PLQ, conduit par Philippe Couillard, est considéré très affaibli  et effacé, depuis les élections de 2012 marqué par  l’agitation parlementaire et la fronde étudiante.  D’abord, en février 2011, l'unique député de Québec solidaire, Amir Khadir avait recueilli 247 379 signatures justifiant le dépôt à l'Assemblée nationale d’une pétition exigeant la démission du premier ministre libéral Jean Charest. Ensuite, en février 2012, une grande partie des étudiants du Québec entame une grève soutenue par des associations étudiantes et de la majeure partie de la société québécoise. Contestant l’application d'une hausse de 1 772 $ des frais de scolarité sur sept ans, soit 82 %, cette grève avait regroupé, à son apogée et en 6 mois, plus de 350 000 étudiants post-secondaire et est, dès lors, considérée comme la plus longue et farouche protestation de l'histoire du Québec. Parmi les leaders de ce mouvement étudiant figure Gabriel Nadeau-Dubois, jeune militant de 22 ans à l’époque et co-porte-parole de la Coalition large de l'Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante (CLASSE). Très n[aturellement, cette grève avait rendu très impopulaires Jean Charest, le PLQ et la plupart de ses membres. L[]e projet de loi 78, loi 12 élaboré par le gouvernement Charest, en dépit des contestations étudiantes et nombreuses critiques de la part  d’une majorité de la société québécoise, sera abrogé dès le 20 septembre par le gouvernement péquiste fraîchement arrivé au pouvoir. Les méthodes de répressions aux manifestations de rue contre cette loi pèseront lourdement sur le PLQ qui déclenchera l’élection du 4 septembre 2012 dont ce dernier sera le principal et perdant : 54 sièges PQ, 50 sièges PLQ, 19 sièges CAQ, 2 sièges QS,  tandis que deux députés étaient indépendants, Daniel Ratthé (Blainville) et Fatima Houda-Pepin (La Pinière)…  Le Parti québécois, grand profiteur de la grogne étudiante, est alors porté au pouvoir, pour former un gouvernement minoritaire et le Parti libéral devient l'opposition officielle.


Les grands protagonistes du printemps érable du Québec en 2012


Les grands complices et gagnants du printemps érables du Québec en 2012

Pauline Marois devenait ainsi la première femme première ministre du Québec. Jean Charest, après plus de vingt ans comme député, est en plus défait dans sa propre circonscription, Sherbrooke, où le péquiste Serge Cardin est élu. En conséquence, le 5 septembre 2012, au lendemain de cette défaite, Jean Charest jette l’éponge et dépose sa démission comme chef du Parti libéral du Québec. Il se retire donc de la vie politique pour remettre la toge sous le compte du cabinet McCarthy Tétrault. Il sera définitivement succédé au PLQ, 6 mois après,  par Philippe Couillard.  

Après une pause politique de plus  4 ans, Philippe Couillard, plusieurs fois ministre battant le record de longévité au ministère de la santé, est élu le 17 mars 2013 chef du PLQ dès le premier tour avec 58% de vote. L’opinion publique n’accordait pas la chance au PLQ de refaire surface sur l’arène politique et constituer la majorité au parlement du Québec dans une brève durée. Le PQ partait donc favori. Et, le 5 mars 2014, Pauline Marois, lors de sa conférence de presse d’annonce de la tenue des élections, présentait une figure et des airs d’un vainqueur en présence majoritaire au parlement du Québec. « Depuis l'élection de notre gouvernement il y a 18 mois, nous avons accompli beaucoup de choses. Nous avons agi contre la corruption et repris le contrôle des dépenses du gouvernement pour la première fois depuis 10 ans. Nous avons pris soin de notre monde, tout en soutenant très activement l'économie québécoise. Nos politiques sont ambitieuses pour le Québec. Aujourd'hui, il est temps de nous donner les moyens d'aller plus loin encore », a déclaré Pauline Marois.

« Au cours des dernières années, j'ai rassemblé des femmes et des hommes formidables. Avec les nouveaux candidats que je vous présenterai dans les prochains jours, notre équipe déjà très solide sera l'une des plus fortes qu'on ait vues depuis longtemps. Nous avons fait nos preuves. Nous n'avons pas eu peur de prendre des décisions difficiles, mais nécessaires. Nous avons un plan et l'équipe pour réussir », a ajouté alors la première ministre.

« Nous nous retrouvons face à deux partis qui veulent nous empêcher d'avancer, a-t-elle poursuivi. Nous avons déposé un budget responsable, mais ils avaient décidé de s'y opposer avant même de le lire. En agissant ainsi, ce n'est pas seulement le gouvernement, mais tout le Québec que les partis d'opposition freinent. »

« J'ai donc réuni le Conseil des ministres et nous avons pris les dispositions pour dissoudre l'Assemblée nationale et déclencher des élections générales. Ce sera maintenant à vous, aux Québécoises et aux Québécois, de trancher. Vous connaissez mon équipe, qui est très solide. Et vous me connaissez : je n'ai pas peur d'assumer pleinement mes responsabilités de chef du gouvernement. Tout est en place. Tout ce dont on a besoin, c'est d'avoir les moyens d'agir. Ce que je vous demande, c'est de nous donner ces moyens. Nous avons le plan. Nous avons l'équipe. Nous avons la détermination. Mon équipe est déterminée. Je suis déterminée », a conclu la première ministre. Pauline Marois pensait donc réunir au minimum 63 sièges pour obtenir la majorité au parlement et actionner plus facilement sa machine gouvernementale.

Curieusement, du début à la fin de la campagne électorale, aucun sondage n’avait classé le PQ en dessus du PLQ.  Toutes les agences de sondage du Québec prises en compte. Deux coude-à-coude entre le PLQ et le PQ suivi d’un creusage d’écart en faveur du premier parti.

“Le 10 mars dernier, cinq jours après le déclenchement de la campagne électorale, un sondage CROP - Radio-Canada donnait le PQ et le PLQ au coude-à-coude à 36%. La CAQ obtenait 17% et Québec Solidaire, 8%.

Après l'arrivée de Pierre Karl Péladeau le 9 mars à titre de candidat du PQ, un sondage Léger - Le Devoir donnait le PQ et le PLQ au coude-à-coude, à 37%. Mené entre le 11 et le 13 mars, il s'agissait du premier sondage après l'entrée en scène de l'ancien patron de Quebecor. La CAQ obtenait 14% des voix, Québec Solidaire, 9%.

Selon un sondage CROP - La Presse publié le 18 mars, le PLQ récoltait 39% des intentions de vote, contre 36% pour le PQ. La CAQ obtenait 13% et Québec Solidaire, 10%.

Un sondage CTV/IPSOS REID, dévoilé le 19 mars, donnait 37% aux libéraux. Le Parti québécois, quant à lui, obtenait 32% des intentions de vote. La Coalition Avenir Québec faisait une légère remontée en obtenant un taux de 16%. Québec solidaire demeurait au quatrième rang avec 10% des intentions. Le parti de Pauline Marois conservait cependant une avance auprès des électeurs francophones. Selon le sondage, le PQ récoltait 38% des voix, contre 29% pour le PLQ, 18% pour la CAQ et 12% pour QS.

Selon un sondage mené par Forum Research pour le quotidien Toronto Star dévoilé le 20 mars, le parti de Philippe Couillard aurait récolté 45% des voix, contre 32% pour le Parti québécois. De son côté, la CAQ récoltait 13% des intentions de vote et Québec solidaire, 7%.

Un sondage Léger publié le 25 mars dans le Journal de Montréal accordait 40% des intentions de vote au PLQ, comparativement à 33% pour le Parti québécois (PQ), 15% pour la Coalition avenir Québec et 9% pour Québec solidaire (QS).

Un sondage publié le 1er avril par le quotidien montréalais anglophone The Gazette donne une majorité de deux sièges au Parti libéral du Québec. Si l'élection avait eu lieu la veille, le parti de Philippe Couillard aurait obtenu 41% des voix, contre 29% pour le PQ. Confirmant sa remontée depuis le deuxième débat des chefs, la CAQ récoltait 19% des intentions de vote. Québec solidaire (7%), le Parti vert (2%) et Option nationale (1%) ferment la marche.

Le PLQ avait auparavant maintenu son avance dans un sondage Ipsos-Reid commandé par CTV News publié le 2 avril. Le parti de Philippe Couillard récoltait 37% des intentions de vote, contre 28% pour le PQ. La CAQ confirmait sa remontée avec 19%, de même que Québec solidaire avec 13%. Sept pour cent des répondants demeuraient indécis.

Le 5 avril, à deux jours des élections, un sondage Léger Marketing reconfirme l'avance du Parti libéral du Québec dans les intentions de vote, mais montre aussi une remontée de la CAQ. Une remontée qui s'explique par la perte de quelques points du côté du PLQ et du PQ par rapport au précédent sondage de cette même firme. Le dernier portrait de la campagne électorale est donc le suivant: le PLQ obtient 38% des intentions de vote, le PQ récolte maintenant 29%, suivi de la CAQ à 23%. Québec solidaire reste à 9%. Chez les francophones, le PQ garde l'avance avec 35% des intentions de vote, suivi du PLQ à 29%, de la CAQ à 27% et de QS à 9%.

“Le 7 avril 2014, dès la fermeture des bureaux de scrutin, à 20 heures, le ton de la soirée était donné: le Parti libéral du Québec avait pris une avance fulgurante et insurmontable, laissant loin derrière ses adversaires. Vingt-cinq minutes plus tard, le PLQ était proclamé gagnant. À 20h42, les libéraux savaient qu'ils formeraient un gouvernement majoritaire, offrant au Québec une stabilité politique pour les quatre prochaines années. », écrit un journal de la place.

Résultat final : 70 sièges pour le PLQ, contre 30 pour le Parti québécois, 22 pour la Coalition avenir Québec et 3 pour Québec solidaire. En d’autres termes, le PLQ avait réuni 41,4 % du vote, le PQ 25,3 %, la CAQ 23,1 % et QS 7,6 %.

A Saint-Félicien, au Lac Saint-Jean, dans sa circonscription, réagissant à chaud au choix des Québécois en sa faveur, Philippe Couillard a déclaré: «Je m'engage à diriger un gouvernement responsable, intègre et transparent». Il a dit vouloir faire du Québec «un leader dans la fédération canadienne».

Élu chef du PLQ en mars 2013, après une pause de plus de 4 ans en politique, Philippe Couillard aura donc réussi en un an à peine à remettre son parti en état de compétition politique, en regagnant à grand vitesse la confiance des électeurs, perdue dramatiquement aux élections du 4 septembre 2012. Aussi spectaculaire que cela puisse apparaître, Philippe Couillard s’est fait élire député de Roberval, une circonscription qui attribuait une forte majorité au PQ !

La première ministre sortante, Pauline Marois, première femme à occuper cette fonction, n'aura donc pu diriger le Québec que durant 18 mois, le plus court mandat de l'histoire du Québec. Sous sa gouverne, avec un panier électoral chargé à 26%, le Parti québécois aura essuyé la défaite la plus cuisante depuis avril 1970 sous René Levesque qui endossa le plus maigre score électoral de 23,06% de suffrages exprimées. Constatant et reconnaissant sa défaite, Pauline Marois a, sans tarder, annoncé qu’elle prendra congé de ses fonctions de chef du Parti québécois. Comme Jean Charest en septembre 2012, Pauline Marois a aussi perdu dans son propre fief électoral, Charlevoix-Côte-de-Beaupré.

Constituant environ 2/3 de l’assemblée provinciale, Le PLQ et le PQ demeurent les deux principaux partis du Québec et respectueux des règles démocratiques.