CENT TAMBOURS MILLE TROMPETTES, Premier Site Avant-Gardiste d'Informations et de Promotion du Leadership des Jeunes de l'Afrique et du Monde | CENT TAMBOURS MILLE TROMPETTES, L’Espace « Top-Médiatique » pour une Visibilité rayonnante de vos Produits, Marques, Activités, Œuvres et Services | Présidence de la RD Congo : Félix A. Tshilombo Tshisekedi Jour J-109 | Immigration et Investissements en Afrique : les Chinois moins patrons et ouvriers à outrance pendant que les Occidentaux très largement patrons et rarement ouvriers | Kabila et Gbagbo : deux « Laurent » les plus controversés de l’histoire politique de l’Afrique noire? | SUIVEZ BIENTÔT MAX'ACHATS, LE JEU DES CONSOMMATEURS AVERTIS POUR UN DIVERTISSEMENT SAIN ET D'ÉPANOUISSEMENT EN RD CONGO ET À TRAVERS LE MONDE | Circulez plus rapidement dans les stations de Métro de Montréal et rattraper plus vite vos autobus de correspondance, en téléchargeant et utilisant l’application « GPEX-MÉTRO » de Montréal (GPEX-MÉTRO de Montréal) | Gabon: le général Bruce Oligui Nguema prête serment ce lundi 4 septembre pour assurer les fonctions de président de la transition | Lisungi-Diaspora : meilleur produit d’assurance-santé pour les membres de famille, proches, amis et connaissances vivant en RD Congo | Angélique Kidjo : « Le problème du racisme, c’est l’ignorance » | Le gouvernement israélien envisage d’expulser environ un millier d’Erythréens | Décès de Salif Keïta, footballeur malien et premier ballon d’or africain | TV5 Monde, RFI et France 24 ont été rétablies samedi 2 septembre 2023 au Gabon par le nouveau pouvoir

Grand témoignage

Regard sur l’organisation du deuil au Québec : cas de la Communauté congolaise de Montréal

Communauté congolaise de Montréal (COCOM) valait bien la peine d’être suivie et explorée ethnologiquement pendant plus de 5 ans

Partant de la définition du vocable général « observation » comme étant un ensemble de démarches impliquant Ia confrontation de données issues tant de l’observation directe que de l’entrevue ou de l’analyse statistique, appliquées à l’étude d’une situation délimitée, un groupe immigrant, notamment la Communauté congolaise de Montréal (COCOM) valait bien la peine d’être suivie et explorée ethnologiquement pendant plus de 5 ans . Claude Lévi-Straus dans Les Structures élémentaires de la parenté en (1949) soutenant que « l'ethnographie consiste dans l'observation et l'analyse de groupes humains considérés dans leur particularité... ». 

À travers l’organisation du deuil émergent des traits et marques du « constructionnisme » social dignes d’êtres étudies : rituels, croyances, religions, mentalités dominantes, prouesses culinaires, mode vestimentaire sont intimement croisés à l’occasion

D’après les données 2016 de Statistique Canada, au Québec, l’Afrique compte pour 13,4 % de la population immigrée et son importance relative ne cesse de croître : en 1991 elle représentait 7,8 % de la population immigrée totale, en 1996, 9,4 % et en 2001, 11,5 %. Le nombre de personnes nées en Afrique a nettement progressé entre les deux derniers recensements, soit une variation deux fois et demie supérieure à celle de l’ensemble de la population immigrée (52,6 % comparativement à 20,5 %). Ce qui démontre la manifestation des identités et des pratiques socioculturelles particulières lors de l’organisation du deuil et des activités funéraires par certaines communautés noires dont la COCOM. À travers l’organisation du deuil émergent des traits et marques du « constructionnisme » social dignes d’êtres étudies : rituels, croyances, religions, mentalités dominantes, prouesses culinaires, mode vestimentaire sont intimement croisés à l’occasion.

Malheureusement, ces dernières années, peu d’activités et actions ont été organisées avec succès et impact socioéconomique durable

Existant depuis 1996, la COCOM compte plus de 15.000 membres dont quelques dizaines actifs. À Montréal, elle constitue la deuxième communauté noire francophone après la communauté des Haïtiens. Elle a toujours prôné pour une large ouverture aux autres communautés et peuples par la solidarité et la coopération internationale. Malheureusement, ces dernières années, peu d’activités et actions ont été organisées avec succès et impact socioéconomique durable. Le comité directeur de la COCOM a, entre autres, pour mission l’assistance physique des familles éprouvées et en détresse, le suivi et l’accompagnement des personnes occupées à régulariser leurs statuts tant au niveau du palier provincial que fédéral des services d’immigration, l’opposition par des interventions et actions efficaces pour empêcher le rapatriement injustifié de nos compatriotes, l’implication dans le recouvrement de la liberté pour des congolais détenus par les services frontaliers de Laval en raison des problèmes liés à l’immigration, la résolution des conflits, la promotion de l’image de la COCOM auprès des élus tant municipaux, provinciaux que fédéraux, la visibilité de la COCOM comme principale communauté culturelle issue de la communauté africaine.

 Le deuil d’un sujet congolais permet de déchiffrer sans accroc les particularités culturelles et les routines sociales de ce dernier

Incontestablement, le deuil de l'immigrant africain (noir) au Québec est une situation sociale particulière. D’ailleurs, « si le Noir a bâti une métaphysique qui est avant tout le culte de la vie, de la force, de la richesse ontologique, il n’a pas manqué par contraste, ou mieux encore à titre de corollaire, d’élaborer, au moins d’une manière implicite, une philosophie de la mort », (Thomas Louis-Vincent. Remarques sur quelques attitudes négro-africaines devant la mort. In: Revue française de sociologie, 1963, 4-4. Problèmes noirs. pp. 395-410.) Nonobstant, les mêmes dispositions observées dans les activités funéraires au Canada (Les démarches administratives, les soins et la toilette du défunt, le recueillement auprès du défunt dans une chambre mortuaire ou une chambre funéraire, le transport avant la mise en bière, la mise en bière, la cérémonie et l’inhumation ou la crémation), le deuil d’un sujet congolais permet de déchiffrer sans accroc les particularités culturelles et les routines sociales de ce dernier.

La célébration de la mort représente, pour les intimes et proches, un nouveau seuil ou cadre de vie matérielle qui mène vers la séparation définitive avec le défunt 

Le congolais, quant à lui, croit et reste attaché à la philosophie bantoue développée principalement par Père Tempels d’après laquelle les morts ne sont pas morts. Ce qui exige davantage respect, considération et soin spécial aux morts. D’autant que la célébration de la mort représente, pour les intimes et proches, un nouveau seuil ou cadre de vie matérielle qui mène vers la séparation définitive avec le défunt. Substantiellement, pour cette communauté africaine noire, le deuil a pour rôle de rassemblement, de recueillement profond, de partage sincère, de prise de contact entre les anciens et les personnes nouvellement arrivées à Montréal, de point de fixation de nouveaux rendez-vous, de lieu d’annonce de créations de couture ou de la mode ou encore de nouveaux arrivages des produits alimentaires du pays, de réconciliation entre des frères ou sœurs ennemis ayant longtemps souffert d’une douloureuse séparation et tant d’autres situations socioculturelles.

Les grandes étapes de l’organisation du deuil à la COCOM

À la disparition d’un congolais à Montréal, le responsable des affaires sociales de cette communauté, sous le leadership du président de celle-ci, prend contact et rend, à la première occasion, visite à la famille éprouvée pour entre autres, présenter les condoléances et échanger sur les dispositions pratiques pour l’organisation du deuil et des activités funéraires.

C’est à la famille que revient la charge de réunir tous les besoins liés au rite funéraire, conformément aux dernières volontés de la personne disparue

À l’issue de cette première visite de réconfort à la famille éprouvée, le même membre du comité directeur de la COCOM fait rédiger et publier un communiqué officiel par le service de communication : les réseaux sociaux tels que Facebook et Whatsapp sont mobilisés pour atteindre rapidement et le plus de membres de la communauté ainsi que des amis, connaissances et collègues, selon la profession, l’implication ou l’appartenance sociale, culturelle économique, politique, professionnelle du défunt ou de la défunte. À travers ce communiqué, des renseignements utiles sont fournis sur l’organisation des obsèques dont l’exposition de la dépouille mortelle au salon funéraire, la collecte des contributions financières, l’enterrement, la réception après enterrement ainsi que les personnes ressources et de contact. Cependant, les aspects liés aux soins de la dépouille mortelle, aux types d’enterrement et de sépulture sont strictement réservés à la famille biologique du défunt ou de la défunte. C’est à la famille que revient la charge de réunir tous les besoins liés au rite funéraire, conformément aux dernières volontés de la personne disparue.

Les Congolais éprouvés, fidèles aux us et coutumes de leur tradition, portent eux-mêmes les cercueils de leurs compatriotes disparus

Habituellement, les corps des congolais sont exposés pendant 2 ou 3 jours, entre 17 heures et 21 heures 30’ le soir, et, le jour de l’enterrement, entre 9 heures 30 minutes et 13h30’, au complexe funéraire Magnus Poirier, situé au 6825, rue Sherbrooke Est, Montréal, Québec H1N 1C7 (Metro Langelier). Pour des défunts fidèles de l’église catholique, totalement ou partiellement, le deuil et les activités funéraires sont organisés en Église Notre-Dame d'Afrique, 4550 avenue d'Orléans, Montréal, Québec H1X 2K4 (Metro Pie lX). Lors de l’exposition du corps, le programme déroulé fait succéder arrivée du corps, ouverture du cercueil, recueillement, cantiques libres, messe avec homélie souvent, messages de la famille du défunt ou de la défunte et du Comité directeur de la COCOM, des  témoignages en mémoire du défunt ou de la défunte par des amis et connaissances, ronde d’hommages publique autour du cercueil et, enfin, fermeture de ce dernier pour enterrement sur place à Montréal ou pour rapatriement vers la République démocratique du Congo où des rituels appropriés seront organisés par des personnes compétentes et strictement recommandées.

Contrairement aux pratiques habituelles au Québec, les Congolais éprouvés, fidèles aux us et coutumes de leur tradition, portent eux-mêmes les cercueils de leurs compatriotes disparus.

Madame Rachele Muswamba Kaniki, une congolaise de Montréal Métropolitain, affirme que « les deuils sont devenus de simples lieux de rencontres... Dans ce froid canadien, il est devenu nécessaire pour la socialisation. Les congolais commencent même à assister au deuil de personnes qu’ils n’ont pas connues de leur vivant... »

Généralement, lorsque l’enterrement a lieu sur place à Montréal, une réception est organisée en mémoire du défunt : de la boisson, de la nourriture ou amuse-gueule sont offerts en abondance au public, comme pendant l'exposition du corps du défunt, sous de l’animation musicale d’un griot ou puisée dans les répertoires populaires des chansons religieuses et/ou traditionnelles ou encore folklorique.  Car le deuil apparaît aussi comme une fête ; la fête du voyage du fils ou de la fille dans l’autre monde…Dans le même registre, Madame Rachel Muswamba Kaniki, une congolaise de Montréal métropolitain, affirme que « les deuils sont devenus de simples lieux de rencontres... Dans ce froid canadien, il est devenu nécessaire pour la socialisation. Les congolais commencent même à assister au deuil de personnes qu’ils n’ont pas connues de leur vivant... ».

Jean-Marie Mousenga, ancien président de la COCOM, soutient qu’ « un deuil est avant tout un événement social, une occasion pour manifester notre reconnaissance à la personne décédée. C’est aussi une tribune offerte non seulement pour offrir nos plus sincères condoléances à la famille mais surtout  de compatir avec elle. Montrer à la famille que nous sommes de tout cœur avec elle. Bref, un apport de réconfort, de soutien et de consolation. »

Pendant Jean-Marie Mousenga, ancien président de la COCOM, soutient qu’ « un deuil est avant tout un événement social, une occasion pour manifester notre reconnaissance à la personne décédée. C’est aussi une tribune offerte non seulement pour offrir nos plus sincères condoléances à la famille mais surtout  de compatir avec elle. Montrer à la famille que nous sommes de tout cœur avec elle. Bref, un apport de réconfort, de soutien et de consolation. »

Une femme ressortissante des Antilles, ayant requis l’anonymat, déclare joyeusement qu’elle suit régulièrement les annonces nécrologiques de la COCOM, afin de venir seule ou avec tous ses enfants prendre part aisément aux buffets faits de plats copieux de la RD Congo

Par ailleurs, résidente près de l’Église Notre-Dame d’Afrique de Montréal où sont célébrées les messes funéraires et les bains de consolation, une femme ressortissante des Antilles ayant requis l’anonymat, déclare joyeusement qu’elle suit régulièrement les annonces nécrologiques de la COCOM, afin de venir seule ou avec tous ses enfants prendre part aisément aux buffets faits de plats copieux de la RD Congo. Elle y trouve complètement sa part alimentaire en qualité, en quantité et en chaleur humaine, au point de ne pas cuisiner chez elle quelques fois. Ce qui témoigne l’attachement des Congolais et Congolais à des valeurs cardinales telles que l’hospitalité, la générosité, l’esprit d’ouverture aux autres communautés et peuples du monde par la solidarité et la coopération internationale

 La COCOM est la toute première de la diaspora congolaise au monde à avoir acquis, sous la présidence de Jean-Marie Mousenga, en partenariat avec le fournisseur attitré des services funéraires « Magnus Poirier », un espace exclusif au cimetière « Le Repos Saint-François d’Assise »

Il convient de souligner que la COCOM est la toute première de la diaspora congolaise au monde à avoir acquis, sous la présidence de Jean-Marie Mousenga, en partenariat avec le fournisseur attitré des services funéraires « Magnus Poirier », un espace exclusif au cimetière « Le Repos Saint-François d’Assise ». Cependant, il arrive que les volumineuses charges des funéraires fassent endetter les familles éprouvées. Cela constitue quelque fois un facteur d’appauvrissement des familles : les enfants et la veuve sont ainsi laissés pour compte. C’est toujours à l’initiative de Jean-Marie Mousenga à la tête de COCOM qu’un nouveau courant plus responsable avait pensé à la limitation des dépenses à des proportions socialement tolérables du simple fait que « celui qui meurt, retourne dans l’au-delà comme il est venu au monde. La richesse produite servira à assurer la survie de sa famille restée sur terre… » écrivait, en 2011, Marcel Anganga dans son article intitulé « Vie et mort en Afrique noire. » à travers la revue « Théologiques ».

Par Claude Kazadi L.

 

 

 


Retour à la liste

Tribune d'actualités