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Sous le projecteur

Les causes de la défaite du "OUI" au référendum grec

"Puisque le règlement d’une crise de dette présuppose un rapport de force inégal entre le créancier et le débiteur en défaveur du second, la gestion fructueuse de celle-ci dépend de la sagesse du premier "
(Sachs Jeffrey, 2015)
[1]

Au regard de l’issue discutable des négociations entre le gouvernement grec Syriza[2], d’obédience de gauche radicale, et ce qui est communément appelé en Grèce les Institutions[3], nous nous proposons par la suite de revenir sur les raisons de la défaite du « OUI » au référendum du 05 juillet 2015. La question substantielle était la suivante : les Grecs sont-ils, oui ou non, favorables aux conditions du plan d'aide défini par leurs créanciers? En effet, nous anticipons que cette défaite, en plus de stigmatiser l’attitude qu’afficheront les instances dirigeantes de l’Union européenne (UE) face à la Grèce, un état jugé mineur dans l’édifice paneuropéen, risque de devenir le point de départ d’une kyrielle d’événements d’importance majeure tant aux niveaux national grec que paneuropéen ; la brève histoire de « la construction européenne » ayant démontré des attitudes peu conciliantes des centres de décision de l’UE face au verdict des référendums nationaux.

Vue de l’extérieur, la tenue du référendum du 05 juillet est perçue comme une réaction brutale du gouvernement Syriza face à l’intransigeance des Institutions durant les négociations qui ont suivi son arrivée au pouvoir ; cependant, vue de l’intérieur, elle apparaît plus comme une idée qui plane en permanence dans le ciel politique grec après l’initiative tuée dans l’œuf de l’ancien premier ministre Pasok, Georges Papandhréou[4]. Elle est revenue en force en 2015 suite à des unes répétées dans les presses écrite et audiovisuelle d’une éventuelle sortie forcée de la Grèce de la zone-euro (« grexit ») après la victoire des radicaux de gauche aux élections nationales. Sur ce point, les résultats d’un sondage commandité par le quotidien de Centre, to-Vima, sont très éloquents ; à la question de savoir quelle serait la suggestion du citoyen-électeur en cas de non accord entre Syriza et les créanciers du pays, 53.4% des répondants-électeurs de Syriza proposent la tenue d’un référendum contre un total cumulé de 39.4% en faveur d’élections anticipées ou de la formation d’un gouvernement d’union nationale (Kapa Research, 2015). Si le message politique, qui en découle, est clair et précis, les enseignements tirés des études de l’institut de sondage Alco Polls (2015), qui indiquent que la majorité des répondants (à 74% dont à 67% des électeurs de Syriza) expriment une nette préférence pour le maintien dans la zone-euro, conduisent les initiateurs d’un éventuel référendum à se questionner sur le type de stratégie idoine à adopter pour gagner une telle joute institutionnelle.

Pour les forces et mouvements politiques grecs pro-européens, parmi lesquels figure en pôle position le parti de droite de la Nouvelle-Démocratie (ND), qui se veut le dépositaire de l’appartenance de la nation hellénique dans la grande famille européenne et le comptable par excellence des apports bénéfiques de ce choix national ainsi que l’historique mouvement socialiste panhellénique (le Centre-gauche Pasok) et le nouveau parti centriste Potami (en grec, ‘la rivière’), « la convergence vers l’Occident », voulue par ‘les Pères de l’indépendance’ et matérialisée par l’entrée dans l’UE, étant bien entamée et palpable dans la société moderne grecque, la question de la stratégie à préconiser lors du référendum du 05-juillet était perçu comme secondaire. Ainsi, en lieu et place de présenter des arguments de taille en faveur d’un vote massif pour le ‘Oui’, la ND, en sa qualité d’opposition majeure, a davantage tablé sur les dividendes électoraux d’une remise en cause constitutionnelle de la validité d’un référendum organisé endéans une semaine. Dans cet ordre d’idées, lors de la plénière parlementaire portant sur ce référendum, son président en exercice et ex-premier ministre, Antonis Samaras[5], a peu milité pour l’option du ‘Oui’ préférant pour la circonstance engager du haut de la tribune du Kinovoulio (le Parlement grec) une vive polémique avec la présidente de l’hémicycle, Mme Zoé Konstantopolou, relayée pour la cause par la majorité de ses députés, une joute qui déboucha sur la décision du bloc parlementaire néo-démocrate de se retirer des débats et des délibérations de la plénière. Or, un tel acte laissa perplexe plus d’un éventuel votant pour le ‘Oui’, en plus de laisser entrevoir à plus d’un observateur que l’issue de ce référendum intéressait peu l’équipe dirigeante ND ; un parti dont les fondateurs, Constantin Karamanlis sénior et Évángelos Averoff-Tositsas, voulaient qu’il assure la défense politique de l’apport bénéfique de l’Europe à la Grèce très palpable puisqu’omniprésent dans la Grèce d’aujourd’hui. Si l’on pourrait à certains égards interpréter une telle attitude comme la suite logique de la propension de l’équipe ND à taxer Alexis Tsipras de ‘faux Robin-des-Bois parti en croisade pour la cause des pauvres de l’UE et, ce, en lieu et place de se focaliser sur les intérêts intrinsèques du peuple grec’, son non investiture dans la défense active de la cause du ‘Oui’ soulève la problématique de la vision stratégique des enjeux en place ; puisque pour plus d’un électeur son absence de la campagne référendaire laissait transparaître un certain malaise à soutenir des politiques économiques qui, après des années d’application, se sont révélées dans les faits peu concluantes.

Quant aux autres forces et mouvements pro-européens, présumés militer en faveur du ‘Oui’, ils se sont eux aussi avérés en général non à la hauteur des espoirs placées en eux. Les centristes de Potami, menés par Stavros Théodorakis, semblent avoir péché par manque d’expertise dans la maîtrise des dossiers[6] tandis que les socialistes du Pasok, qui ont eu à gouverner le pays pendant plus de vingt (20) ans depuis son adhésion dans l’UE en mai 1980, paraissaient pris au dépourvu en raison du changement opéré à la présidence du mouvement[7]. En outre, la stratégie de recourir à l’expérience des ex-dirigeants du pays, membres des partis qualifiés aujourd’hui de « forces du passé »[8], a été perçue par plus d’un jeune votant comme une tentative peu convaincante de défendre un « testament politique aux résultats discutables » à cause de la tangente prise par le pays depuis l’application des mesures d’austérité.

Or, dans son ensemble ce ne sont pas les arguments qui faisaient défaut aux défenseurs du ‘Oui’ :

l’appartenance à la grande famille européenne constitue un gage du soutien de l’Occident à la stabilité géopolitique des Balkans et, donc, à la préservation des frontières actuelles de la Grèce ;

l’appartenance à l’Euro constitue un puissant antidote contre l’épineux problème du risque de change qui a pendant longtemps miné le commerce extérieur grec et, par extension, le développement harmonieux du pays ;

l’admission dans l’Euro constitue une reconnaissance forte des avancées considérables réalisées durant les deux décennies qui ont suivi l’adhésion du pays dans l’UE en dépit des lacunes congénitales à la mise en circulation de l’euro ; au vu de ces dernières, le maintien dans la zone-euro constitue un gage de l’assistance dont le pays a besoin pour réussir son arrimage aux exigences de la monnaie unique, une assistance qui paraît du reste nécessaire à des géants économiques aux potentialités énormes que sont l’Italie et l’Espagne (3ième et 4ième économie de la zone-euro, respectivement) ;

l’appartenance à la zone-euro constitue un signe fort de la possibilité de la Grèce à pouvoir bénéficier dans les années à venir des dividendes politiques, économiques et sociétaux reliés à la position stratégique prépondérante de l’UE sur l’échiquier international ; et pour ce faire, au vu des écarts observés au niveau économique depuis la Grande-récession le pays se doit d’effectuer « les correctifs nécessaires » pour mériter sa place sur la liste des ayants droit, le tout étant davantage une question de pédagogie stratégique, qui exige du temps et les ajustements appropriés[9].

Au moment où les ténors présumés du ‘Oui’ s’avéraient mal préparés pour assurer la défense de leur cause, le camp du « Non catégorique », synonyme de sorties et de l’euro et de l’UE, animé par une alliance de circonstance entre le Parti communiste grec (KKE) et l’extrême-droite d’Aube dorée, présentait une position claire et nette, entachée d’arguments prônés depuis des lustres :

(a) une construction européenne qui asservit les travailleurs grecs au profit du « grand capital financier » mondialisé, et, donc, du « grand capital financier » européen, pour les communistes ; et

(b) une perte de fierté et de dignité hellénique pour l’Aube dorée[10].

Bien que pour nombre d’observateurs, Syriza et son allié gouvernemental des Citoyens Indépendants de Pános Kamménos[11], devraient être placés dans ce camp hétérodoxe, des nuances méritent d’être mises en évidence. En effet, la coalition gouvernementale aux affaires en 2015 ne prônait ni la sortie de l’euro, ni la sortie de l’UE mais, l’atteinte de politiques susceptibles de permettre à la Grèce de surpasser ses difficultés socioéconomiques et de s’arrimer aux exigences de la monnaie unique (notion de « mémorandum à visage humain »). Grâce à cette stratégie des doubles « ni », elle a su se démarquer du camp du « Non catégorique » et, simultanément, repousser l’épouvantail brandi par les défenseurs du ‘Oui’ selon lequel un vote massif en faveur du ‘Non’ remettait en question la vision d’une Grèce pro-européenne prônée par les Pères de l’indépendance. De plus, contrairement au camp du ‘Oui’ qui a brillé par l’absence d’un visage de référence, qui par convention aurait dû être celui de Samaras, le camp du ‘Non nuancé’ a largement bénéficié du charisme de A. Tsipras. En donnant un visage au ‘non nuancé’ face aux multiples facettes dissonantes du ‘Oui’, les votants favorables ont su à qui se fier pour tirer leurs conclusions quant aux retombées de la joute référendaire du 05 juillet; et cela contrairement aux potentiels votants du ‘Oui’ qui se trouvaient partager entre les arguments brandis par les autorités nationales et ceux brandis par les autorités étrangères. Effectivement, hormis les alliés de circonstance d’extrême-droite qui prônent par principe la dislocation de la zone-euro[12], une idée du reste non partagée par la gauche radicale européenne[13], les défenseurs étrangers de la cause du ‘Non nuancé’ grec se sont tous alignés sur les arguments soutenus par A. Tsipras. Par contre, les ‘soi-disant’ supports extérieurs du ‘Oui’ se sont davantage adonnés à asséner le votant grec d’injonctions et d’ultimatums avec pour toile de fond l’épouvantail d’un grexit. Un tel comportement l’a conduit à les percevoir comme une sorte de ‘Léviathan’[14] car, à les entendre parler la victoire du ‘Non’ sonnerait le glas de l’économie grecque tandis que celle du ‘Oui’ donnerait le ton d’une nouvelle période ponocratique[15] d’austérité. Si dans les faits, ce discours était proche du dilemme dans lequel se retrouvait le votant grec, l’on se doit d’admettre qu’en sa qualité de convoyeur d’un double malheur, comme stratégie de captation de voix référendaires, il était sui generis inefficace.

Quelles lecons et quelles conclusions tirer?

En tenant compte des propos tenus par les acteurs sociopolitiques grecs et les animateurs des Institutions tout au long de la joute référendaire du 05 juillet 2015, il nous est apparu être les témoins d’un bras de fer en toile de fond idéologique entre Syriza et les Institutions. Pour Syriza, le diagnostic actuel de l’économie grecque milite pour le recours à une cure macroéconomique allant dans le sens du ‘mémorandum en faveur d'une nouvelle stratégie de croissance’ proposé pour la France par son ex-ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, mouture où la croissance est présumée stimulée par la demande agrégée[16] (Montebourg & Ragot, 2013), au moment où pour ses partenaires le point d’achoppement résidait dans le non-respect par l’équipe Syriza des critères d’appréciation axés sur une mouture où la croissance est plutôt supposée tirée par l’offre agrégée. Bien que ces critères aient été adoptés à l’unanimité par les pays-membres en cycle d’expansion des activités, ils semblent dans le cycle actuel de contraction des activités démontrer ses limites dans la couronne méditerranéenne de l’Europe, et en Grèce en particulier. Par ailleurs, les simulations, opérées par les concepteurs de la mouture proposée de la croissance stimulée par la demande, attestent qu’elle conduirait la plupart des pays en difficulté à respecter à l’horizon 2017 les critères du Pacte de stabilité européen avec en prime une baisse significative des taux de chômage et, par extension, une diminution du degré de paupérisation des couches ouvrières. Surgit dès lors la question du volet ponocratique de la mouture défendue par les Institutions et, plus particulièrement, par l’euro-groupe avec pour animateurs le tandem Jeroen Dijsselbloem et Wolfgang Schäuble.

Si dans un passé récent l’aspect ponocratique des mesures d’austérité était perçu comme un puissant élément ‘cathartique’ visant à donner un signal fort au travailleur grec de la nécessité des réformes structurelles à entreprendre et, parallèlement, à assainir une classe politique jugée inefficiente, il nous paraît cependant aujourd’hui miner les chances de voir émerger des partis issus de la recomposition souhaitée du paysage politique national en raison des effets délétères reliés au ‘syndrome de la prophétie de Merkel’. Selon ce dernier, dans toute coalition gouvernementale le plus petit parti à y faire part est celui qui finit par payer la vraie facture électorale des douloureux impacts sociétaux causés par une austérité de type ponocratique. S’il est vrai que de tels épisodes ont été observés en Europe, comme en Grande-Bretagne lors des élections générales de mai 2015 qui ont sanctionné l’éviction des Libéraux-démocrates de Nick Clegg des affaires, la Grèce en est néanmoins devenue un véritable cas d’école. Des trois partis politiques (Pasok/ ND/ Laos) ayant apporté leur soutien parlementaire au gouvernement d’union nationale du technocrate Lucas Papademos, le Laos (en grec, le peuple), en sa qualité de plus petit parti, a été le plus affecté. Aujourd’hui, ce parti cher à Georges Karatzaféris, un transfuge de la ND à s’être opposé à la rectitude idéologique imposée sous la direction de Miltiadis Évert, est totalement décimé et ses chances de revenir au Kinovoulio quasi-nulles. Un sort quasi-identique a subi le plus petit parti de la coalition tripartite instaurée par A. Samaras suite aux élections de juin 2012. La Gauche Républicaine (Dimar) de Fótis Kouvélis a dû se retirer en catastrophe une année plus tard (juin 2013) en vue de préserver sa base électorale, totalement rongée à l’époque par l’ascendance de Syriza[17]; Dimar n’a même pas par la suite osé se présenter de façon autonome aux élections anticipées de janvier 2015. Pour la petite histoire, il se murmure que refusant d’être associé à toutes moutures d’austérité et à leur caractère ponocratique, F. Kouvélis est allé jusqu’à décliner le prestigieux poste de Président de la République hellénique que lui offraient sur un plateau d’or A. Samaras (ND) et Év. Venizélos (Pasok) comme ultime moyen d’éviter les élections anticipées du début de 2015[18]. De ce qui précède, à travers le référendum du 05 juillet Syriza cherchait à ménager son coalister gouvernemental, en partageant certes l’aspect ponocratique des mesures d’austérité avec le peuple mais, surtout avec les autres acteurs majeurs du paysage politique grec. Ainsi, devenaient quasi-nulles les probabilités qu’un acteur politique tire profit du sacrifice national de ses adversaires en raison du climat de sable mouvant généré par ‘la prophétie de Merkel’.

Enfin, dans le droit chemin de la pensée de Jeffrey Sachs (2015) qui avance que « le règlement d’une crise de dette présuppose un rapport de force inégal entre le créancier et le débiteur en défaveur du second, la gestion fructueuse de celle-ci dépend fondamentalement de la sagesse du premier », l’on se doit de reconnaître que la propension à peine voilée des créanciers grecs à durcir leurs positions face à l’équipe Syriza soulève la problématique de la bonne compréhension des leçons du passé. Même si l’on admet qu’une telle stratégie vise à envoyer un signal fort de leur intransigeance aux partis proches du ‘courant sociopolitique révisionniste’ brandi par Syriza, l’histoire nous enseigne que de telles attitudes se sont montré dans le passé peu concluantes. Nombre d’experts relèvent pour la circonstance l’épisode malheureux du Traité de Versailles (1919) en épinglant le caractère philippique de la plume de JM Keynes dans « les conséquences économiques de la paix » (1919) à l’encontre des réparations demandées à l’Allemagne par le trio Grande-Bretagne, France et États-Unis ainsi que le climat délétère qui s’en suivit durant l’entre-deux-guerres. Toutefois, puisque le rapport entre les forces en présence ne traduit pas le climat du début du siècle précédent, la Grèce ayant aujourd’hui vivement besoin non seulement du savoir-faire mais, aussi et surtout de la solidarité des partenaires à la table des discussions, il nous semble plus approprié de relever le traitement calamiteux de la crise de dette du Tiers-monde où le tandem États-Unis - organismes multilatéraux, baptisée Consensus de Washington, a imposé durant les décennies 1980 & -90 aux états africains et latino-américains surendettés les programmes d’ajustement structurel de triste mémoire avec leurs cortèges d’effets déflationnistes qui ont abouti au concept de ‘décennies perdues’ ; l’ultime résolution ayant été l’annulation de la quasi-totalité des dettes, devenues « non soutenables », de la plupart des pays en question[19]. Comme quoi, le sophisme de composition prôné par les Institutions peut certes s’avérer payant sur le front des impressions court-termistes, et donc électoralistes, mais à long terme, et sur le front économico-financier en particulier, l’histoire, elle, nous dispense une toute autre leçon.

[1] Traduction libre

[2] Ayant vu le jour en juillet 2012 avec comme slogan « en marche pour une gouvernance de gauche », les initiales Syriza renvoient à la Coalition de la gauche radicale (hellénique). Syriza est à plusieurs égards considéré comme la suite naturelle de Synapismos, la Coalition (unique) de gauche et du progrès, une plateforme mise en place en 1988 pour réunir la multitude des partis, mouvements et forces de gauche conformément aux directives contenues dans le Rapport de Mikis Theodorakis, ‘le parti communiste grec (KKE) avec la gauche et le peuple pour le changement vers le socialisme’.          
À titre informatif, en septembre 1991 le KKE dirigé par Aleka Papariga se retira du Synapismos, qui poursuivit son chemin sous la direction de Nikos Konstantopoulos. Sa première chef, Maria Damanaki, a par la suite rejoint les socialistes du PASOK.

[3] Connues auparavant sous le qualificatif de Troïka, elles renvoient à l’ensemble formé des instances dirigeantes de l’Union européenne (Conseil Européen, Commission européenne & Euro-groupe), de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI) en sa qualité de garant des intérêts des créanciers privés.

[4] Indiquons que G. Papandhréou a depuis décembre 2014 quitté le Pasok, le parti fondé par son père, Andréas Papandhréou, pour créer le Mouvement des sociaux-démocrates, le Kidiso en grec. Contrairement aux présomptions, il a milité pour le ‘Oui’.

[5] A. Samaras a dû démissionner suite à la vive critique qu’il a essuyée le jour même de la défaite du ‘Oui’; le parti est actuellement dirigée par un président intérimaire, Évángelos Méimeriákis, un ancien président du Kinovoulio.  

[6] Le bref parcours parlementaire de Potami dévoile un certain déficit communicationnel sur des thèmes techniques, le discours étant davantage axé sur le rejet en masse des propositions faites par les soi-disant « forces du passé ». Or, pour que ce discours devienne audible et, donc prégnant sur le plan électoral, le mieux serait qu’il soit accompagné des solutions émanant des experts en la matière.

[7] Du sortant Évángelos Venizélos à la nouvelle présidente Foteini (ou Fofi) Gennimata.

[8] Allusion faite aux interventions des ex-premiers ministres Constantin Mitsotakis (ND) et Constantin Simitis (Pasok) ainsi que de toute une pléiade d’ex-ministres néo-démocrates et Pasok, dans la presse écrite particulièrement. Mentionnons que les deux premiers ministres cités ont été de ceux à avoir en permanence mis en garde le peuple grec des méfaits socioéconomiques d’un éventuel écart de l’économie grecque des principes et des critères du Pacte de stabilité européen.

[9] Au-delà de ces quatre (4) points, l’on pourrait en relever bien d’autres.

[10] Parmi les partis non représentés au Kinovoulio, dans ce camp hétérogène du ‘non catégorique’ l’on place aussi le mouvement la Drachme ; mouvement démocratique grec ‘cinq étoiles’, animé par Théodore Katsanevas, un ex-transfuge du Pasok et beau-frère de G. Papandhréou.

[11] Un autre de ces transfuges de la ND à s’être opposé à la rectitude idéologique initiée cette fois-ci par l’ex-premier ministre Constantin Karamanlis junior, neveu du Président C. Karamanlis sénior.

[12] Allusion faite au Front national français (FN) de Marine Le Pen, au ‘UK Independence Party’ britannique (UKip) de Nigel Farage et au Parti pour la liberté (PVV) néerlandais de Geert Wilders.

[13] Allusion faite au Podemos espagnol de Pablo Iglesias Turrión, au Parti de gauche français de Jean-Luc Mélenchon et au Die Linke allemand du tandem Katja Kipping & Bernd Riexinger.

[14] Du nom du monstre mythologique disposant de la capacité à prendre différentes formes (serpent, dragon, crocodile, …) et représentant le danger absolu pouvant conduire à l'extermination de la terre (dictionnaire français de l’intern@utes.com).

[15] Du grec ‘pónos’ (souffrance) ; sorte de système ou type de politique où l’on afflige volontairement des souffrances aux autres.

[16] Et dont les lignes-maîtresse sont reprises dans les programmes de la gauche radicale européenne ; cf. Iglesias P. (2015)

[17] Mentionnons que Dimar et Syriza sont tous deux originaires de la grande mouvance de Synapismos. Cf. note-2.

[18] En effet, si l’Assemblée parlementaire précédente était parvenue à élire un Président de la République, les élections nationales grecques auraient dû en principe se tenir au cours du deuxième trimestre de 2016.

[19] Dans le cadre de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (Initiative Ppte). 

Bibliographie

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MONTEBOURG, Arnaud & RAGOT, Xavier (2013). Mémorandum en faveur d'une nouvelle stratégie de croissance dans la politique économique européenne de la France, 29 avril 2013, République française, http://www.mediapart.fr/files/Note2_29_avr_2013_Montebourg.pdf, consulté en septembre 2013

SACHS, Jeffrey D. (2015). Germany, Greece, and the Future of Europe, Social Europe, 21 juillet 2015, http://www.socialeurope.eu/2015/07/germany-greece-and-the-future-of-europe/, consulté en juillet 2015

 

Thomas BANGOBANGO Lingo, PhD. en économie         
Ancien tuteur à l’Université ouverte hellénique &           
Tuteur à la Télé-université du Québec (TÉLUQ)


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